Souvent associé à la Covid 19, le terme « cluster » est en pleine résurrection. D’un univers médical négatif à une dynamique économique, le mot cluster se refait une santé !

 

Le 16 mars 2020, la France s’arrête. Le premier confinement se met en place pour faire face à la pandémie de la COVID 19 et ainsi lutter contre le développement de nouveaux clusters. Nouveau virus, nouveau mot, le cluster accompagne les peurs liées à cette nouvelle maladie. D’où vient-il ? Que dit-il ? Selon les dictionnaires français Larousse et Le Robert, il s’agit d’un anglicisme ayant trois définitions principales : “un groupement d’objet”, “une résonance de plusieurs notes de musiques jouées simultanément” et “un foyer épidémique”. C’est donc cette dernière définition qui l’emporte ! Ce mot anglais va désigner en France les foyers de contagion pendant toute la durée de cette pandémie de 2020 à 2022. Un grand nombre de Français découvrent et emploient donc ce mot pour la première fois dans ce contexte médical. Pour eux, le terme est associé à la pandémie, la maladie et aux contraintes de déplacement liées aux confinements. Et pourtant, le mot cluster cache en réalité bien plus que celà. Il est important de chasser cette mauvaise connotation.

Adieu le médical, bonjour l’économie 

En économie et dans le monde de l’entreprise, un cluster désigne un groupement géographique de sociétés liées par leur secteur d’activité. En français, on pourrait de prime abord penser aux termes suivants : un agrégat, une communauté, un réseau, un pôle … Et pourtant, l’emploi de l’anglicisme cluster n’est pas anodin. Si nous reprenons les deux définitions françaises restantes, à savoir un groupement et la résonance de notes jouées simultanément, nous pouvons comprendre pourquoi le terme cluster s’est imposé dans ce nouveau sens. Ce groupement joue ensemble, créant ainsi une synergie et un dynamisme particulier. On retrouve d’ailleurs bien cet aspect dans la définition anglophone du mot cluster chez Oxford English Dictionary : “un groupement d’entités similaires grandissant proches les unes des autres”. Chez les anglophones, le terme cluster a gagné sa place dans le monde de l’économie. Il devient le mot de référence pour désigner les entreprises qui grandissent et évoluent plus efficacement et rapidement ensemble, à la manière d’un organisme vivant.

Un cluster, de multiples avantages !

L’objectif d’un cluster d’entreprises est de permettre une amélioration de croissance à des sociétés liées par leur secteur d’activité. Pourquoi alors ne pas rester sur des termes français comme pépinière d’entreprise, technopôle ou  incubateur ?  Tout simplement car le terme cluster va plus loin. Il ne s’agit pas seulement de fournir des locaux, des services mutualisés (standard, réception, salles de réunion, etc.), des services d’accompagnement individualisés (conseil, formation, intégration dans des réseaux, etc.). Les entreprises d’un cluster doivent avancer ensemble. Elles mettent en place des stratégies volontaristes d’acquisition et de partage des connaissances en développant un réseau de collaborations formelles. Il ne s’agit pas seulement d’une aide individualisée pour chaque entreprise mais bien de la constitution d’un réseau de coopération, pouvant regrouper start-ups, PME, grandes entreprises ainsi que des écoles et des universités. Le cluster crée ainsi un écosystème dynamique améliorant la productivité des membres et démultipliant les opportunités possibles. En quelques mots, un cluster est un moteur d’innovation, de compétitivité et de productivité pour les entreprises qui en sont membres.

Iceland Ocean Cluster

La France peut se servir de nombreux exemples de clusters étrangers opérationnels dont certains ont une vocation à se développer sur notre territoire. Pour mesurer tout l’intérêt de ce système, le défi est l’impact sur un domaine d’activité ancien et qui est souvent confronté à des difficultés. La pêche professionnelle française est un bon exemple car ce secteur emblématique de notre territoire bordé par trois océans est souvent confronté à de nombreuses crises. L’exemple le plus intéressant vient d’un autre pays de pêcheurs : l’Islande. C’est dans la capitale de l’Islande qu’est né l’Iceland Ocean Cluster. Situé à l’étage d’un ancien bâtiment de pêche sur le port historique de Reykjavik, l’Iceland Ocean Cluster est un regroupement de 70 entreprises et startups œuvrant dans le secteur de l’économie bleue, c’est à dire les activités économiques liées aux océans, aux mers et aux zones côtières. On y retrouve donc des entreprises travaillant dans divers secteurs. Cela va  de l’aquaculture à la vente de poisson, en passant par la technologie marine, les logiciels informatiques, le design, la biotechnologie, les produits cosmétiques et bien d’autres encore. Quel est donc le rôle de l’Iceland Ocean Cluster ? Il ne s’agit pas seulement d’un regroupement géographique, mais bien du développement, du soutien, de l’investissement dans de start-ups ayant un projet commun  : créer de la valeur ajoutée à partir de matières considérées précédemment comme “déchets”. En effet, l’objectif du Cluster est l’optimisation de l’utilisation des produits de la mer. Aujourd’hui dans le monde, lorsqu’un poisson est pêché, seul 50 % en moyenne est consommé ou utilisé (principalement en tant que nourriture). Le reste est jeté ! Grâce à des initiatives comme l’Iceland Ocean Cluster, l’Islande a réussi à atteindre les 80% d’utilisation du poisson. Les matériaux tels que les os, la tête, les enzymes, la peau et le foie vont être utilisés pour produire des compléments alimentaires, des médicaments, des produits de design, des sodas… et oui, tout cela à partir d’un simple poisson. L’Iceland Ocean Cluster propose donc des services d’optimisation de l’utilisation du poisson, de location de ses locaux pour des rencontres, des événements ou des conférences, des visites informatives et éducatives et des projets d’incubateur d’innovation. Leur but est ainsi de partager et répandre l’information et la connaissance sur l’utilisation complète des produits de la pêche, pour développer une économie bleue plus durable et productive.

À travers le succès et le précieux travail de l’Iceland Ocean Cluster, il est clair qu’il n’y a rien à craindre du mot cluster en économie. Moteurs de croissance et de productivité, les clusters d’entreprises se développent partout dans le monde, et cette fois-ci, cette “épidémie” entrepreneuriale est de très bonne augure.

Vous pouvez retrouver toutes les informations sur l’Iceland Ocean Cluster sur leur site web, accessible en anglais, français et islandais à l’adresse  https://sjavarklasinn.is/fr/home-page-fr/